Renouveau du Western : Trois générations de femmes du Dakota du Sud transforment le genre !

Découverte artistique à Sundance

Dans la section NEXT du festival de Sundance, le premier film de Kate Beecroft dévoile avec art les vicissitudes et la force d’une famille de ranchers du Dakota du Sud, les personnages étant interprétés par eux-mêmes.

L’image mythique du cowboy américain — sa façon de parler, sa silhouette et ses vêtements — a souvent été façonnée, voire créée de toutes pièces, par Hollywood. Du début à la fin, « East of Wall » de Kate Beecroft élargit notre perception de ces emblématiques cavaliers en mettant en lumière les femmes souvent ignorées. Suivant la tradition de « The Rider » de Chloé Zhao, ce western moderne et révélateur s’inspire de personnes réelles : la réalisatrice-scénariste, pour son premier film, a convaincu la famille Zimiga — en particulier la mère célibataire Tabatha et sa fille Porshia, une star de TikTok et reine de rodéo — de participer à un drame tiré de leur propre vie, redéfinissant ainsi le genre avec ce résultat.

Beecroft exploite la richesse scénique inquantifiable des décors du Dakota du Sud, que ce soient des prises à la main lors de la « golden hour » ou des plans aériens réalisés par drone à travers les vastes plis ondulés des Badlands. Mais ce sont les visages burinés et tannés par le soleil de son casting principalement amateur qui confèrent à « East of Wall » un sens de l’expérience vécue qui distingue le projet pluriannuel de Beecroft. La réalisatrice complète l’ensemble avec des acteurs tels que Jennifer Ehle et Scoot McNary, convaincants respectivement en grand-mère distillatrice de moonshine et riche rancher texan. Et pourtant, bien qu’on puisse apprendre à un acteur à avoir l’accent, à cracher du tabac et à monter à cheval, les scènes où Porshia galope à l’horizon plus vite que le pick-up de sa mère ne peut suivre… cela, on ne peut simplement pas le simuler.

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Tabatha Zimiga, une présence maternelle magnétique, avec des tatouages le long des deux bras et les cheveux blonds longs rasés d’un côté, a trois enfants à elle, mais accueille aussi ceux issus de foyers brisés pour aider et rester dans son ranch de 3 000 acres. « C’est plus difficile de gérer les filles que de gérer les chevaux », dit cette mère courageuse, qui a abandonné sa passion après la mort de son mari John. Dotée d’un talent pour comprendre ce dont un animal traumatisé a besoin, elle continue de calmer les chevaux sauvages mais n’ose plus monter, de peur qu’une chute ne la laisse blessée et incapable de s’occuper de la « troupe » humaine qui dépend d’elle.

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Porshia, tantôt boudeuse, tantôt pétillante comme un feu d’artifice, reproche à sa mère ce qui est arrivé à John. Selon elle (confidences murmurées pendant des segments calmes du film, à la manière de la narration enfantine naïve dans « Beasts of the Southern Wild », jusqu’aux effets sonores de la terre en ébullition), John lui a appris à monter et a été un meilleur père pour les enfants que son père biologique. Mais l’histoire est plus complexe que ce que l’adolescente ingrate réalise. Vers la fin du film, autour d’un feu de camp, Tabatha se réunit avec sa mère de fiction (Ehle, fumant et jurant comme si elle avait grandi en bottes), sa mère réelle (Tracey Osmotherly, brièvement vue en tresses) et un groupe de femmes de la frontière endurcies, et elle raconte toute l’histoire.

Elles ne semblent peut-être pas apparentées, mais la dynamique entre Porshia et Tabatha semble authentique dans les moments de camaraderie comme de conflit. Lorsque Tabatha demande à sa fille d’entrer dans le magasin pour acheter des provisions à crédit, Porshia lui lance un regard qui suggère que c’est une routine bien rodée, et qui est devenue insupportablement embarrassante. Porshia se rebelle quand elle le peut, visiblement assoiffée de l’attention de sa mère, qui est divisée entre deux jeunes frères et une demi-douzaine d’enfants abandonnés dont les parents sont en prison ou autrement inaptes. Tabatha croise parfois ces gens en ville, et ils lui font des promesses creuses de lui envoyer de l’argent.

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Elle aurait besoin d’aide. Tabatha ne gagne pas assez en vendant ses chevaux apprivoisés lors des enchères locales de bétail, où ses filles (non seulement Porshia, mais aussi les adolescentes adoptives qu’elle soutient) font le spectacle, réalisant des tours sur de la musique rap dans l’arène. Pourtant, les ventes ont été désastreuses, et la famille Zamiga est à court d’options. Entre alors Roy Waters (McNairy), un riche éleveur texan qui conduit un mégatruck à six portes et qui sait reconnaître quelque chose de spécial quand il le voit.

L’intrigue secondaire entre Roy et Tabatha émerge lentement, simplement parce que Beecroft semble plus intéressée à présenter un portrait quasi documentaire de Tabatha et de son clan — poétiquement rehaussé par une narration éloquente et des dialogues sonnant authentiques. « La vie est une véritable métaphore », observe Tracey, rugueuse comme de la viande séchée jouée par Ehle. Cela pourrait ne pas être vrai pour votre vie, mais Beecroft organise la lutte chaotique des Zamigas en quelque chose de poétique, utilisant l’implication non sollicitée de Roy comme l’épine dorsale de ce qui suit, cet outsider autodidacte faisant une offre pour acheter le ranch et financer leur opération.

Le travail de Tabatha avec les chevaux repose sur la confiance, amenant un animal craintif à accepter qu’elle ne lui veut aucun mal. Maintenant, l’équation est inversée, alors que Roy étend son soutien à Tabatha, qui est réticente à accepter. Pas étonnant qu’il l’admire : comparée à sa propre mère incontrôlable (que Ehle joue comme un esprit libre avec un taux d’alcoolémie bien au-dessus de la limite légale), Tabatha a apporté de l’ordre sur la terre, parmi le bétail et la famille choisie déchirée qui l’entoure.

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Photographié par Austin Shelton, les images en grand écran — et même les vidéos TikTok verticales tressées à côté — transmettent une vision pleine d’espoir de leur avenir, plus un nouveau départ qu’une élégie. En tant que métaphores, Roy pourrait bien avoir de bonnes intentions, mais il représente également un idéal occidental dépassé, différent de celui que Tabatha et sa famille s’efforcent de forger. Comme le dit justement un personnage : « Bienvenue dans le Nouveau Ouest, vieil homme. »

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