En cette soirée de vendredi, les anciennes rues pavées de Lviv sont animées. Les restaurants et les bars sont pleins, fréquentés par des familles qui viennent se détendre dans ce qui est considéré comme la ville la plus sûre d’Ukraine, loin des bombardements et des alertes quotidiennes. Des groupes d’étudiants et de jeunes adultes s’adonnent à la dégustation de vodka aromatisée avant l’heure du couvre-feu. Sur la place du marché, une personne est photographiée portant un costume de Transformer jaune.

Si ce n’était pour les statues entourées de sacs de sable et les grands générateurs – suite aux attaques russes sur les centrales électriques qui ont diminué de plus de moitié la capacité de l’Ukraine à générer de l’électricité –, on pourrait presque oublier l’existence du conflit. Mais une chose est frappante : il n’y a pratiquement pas d’hommes dans les rues.

Ces derniers se cachent pour éviter d’être recrutés. Alors que la guerre approche de sa troisième année, les combats au front sont si meurtriers que certains parlent de véritable “boucherie”, et les désertions ont atteint un niveau critique. L’Ukraine a un besoin désespéré de renforcer ses rangs.

Alors que la Russie, avec une population trois fois supérieure, semble prête à renforcer ses troupes avec 10 000 hommes venant de Corée du Nord, l’Ukraine a peu d’options. Le président Zelensky a même récemment mobilisé certains prisonniers, et le pays a adopté en mai dernier une loi controversée demandant à tous les hommes en âge de combattre – de 25 à 60 ans – de s’enregistrer pour être potentiellement appelés sous les drapeaux.

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Véhicules discrets et uniformes noirs

Aux abords des gares, des salles de sport et des supermarchés, lieux fréquentés par les jeunes hommes, il est maintenant courant de voir des véhicules discrets, avec à leur bord des agents en uniformes noirs qui recherchent les réfractaires. Ces agents ont même été aperçus intervenant lors de mariages.

“Cela fait huit mois que je n’ai pas quitté mon domicile, confie Alex, un chef de produit de 34 ans résidant à Kiev. Je fais mes achats en ligne, je travaille à distance et je m’évite toute sortie. Même lorsque ma compagne a donné naissance à notre fille il y a trois mois, je n’ai pas osé me rendre à l’hôpital. Je contribue financièrement à nos forces armées, mais je refuse de tuer quelqu’un, et je ne veux pas mourir.”

Il y a deux semaines, lors d’un concert du groupe de rock Okean Elzy qui a réuni une grande foule au Palais des sports de la capitale, des agents de recrutement étaient postés à l’extérieur pour contrôler les pièces d’identité. Une vidéo de cet événement est rapidement devenue virale, montrant