Cet activiste séculier et opposant de longue date à Assad exprime des réserves quant à la sincérité des engagements modérés pris par les nouvelles autorités du pays. Selon lui, il est essentiel de former un mouvement politique qui reflète véritablement les principes de la révolution syrienne.
Depuis 2013, la Syrie a été fortement influencée par les salafistes djihadistes. Pendant leur ascension rapide, ces groupes ont commis de nombreux actes répréhensibles, et il semblait que l’objectif initial du soulèvement syrien, à savoir la démocratisation, avait été complètement éclipsé.
À l’heure actuelle, les islamistes du pays montrent un visage différent de celui des années précédentes, où ils prônaient un contrôle absolu. Ils semblent avoir adopté une approche plus terre-à-terre et arborent désormais le drapeau de la révolution syrienne qu’ils avaient auparavant rejeté. Ils évoquent le soulèvement en faveur de la démocratie, abandonnant leur vision politique précédente centrée exclusivement sur la nation musulmane. Leur discours et leurs actions se sont adoucis, alors qu’ils étaient auparavant parmi les plus extrémistes.
Les différents groupes islamistes étaient autrefois enivrés par un extrémisme incompatible non seulement avec les concepts de citoyenneté, d’égalité et de droits humains, mais aussi avec les traditions de l’islam sunnite, qui est généralement plus ouvert à d’autres communautés religieuses.
Des acteurs externes au mouvement révolutionnaire syrien
Aujourd’hui, ces islamistes syriens montrent une modération qui paraît renouer avec la tradition sunnite en acceptant le pluralisme religieux et culturel hérité. Cependant, cela ne signifie pas qu’ils sont prêts à accepter le pluralisme politique.
Le phénomène du djihadisme avait atteint son apogée avec l’émergence de Daech, qui a oppressé de manière brutale les populations sous son contrôle à partir de 2014. Daech a combiné des pratiques des régimes totalitaires, surveillant les actions des citoyens jusqu’au sein de leur sphère privée, avec une forme de colonialisme de substitution, à l’instar de ce que réalise Israël.
Daech avait pour habitude d’attribuer les maisons laissées par les Syriens en fuite à ses combattants. Ces djihadistes, venus de divers horizons et sans aucun encadrement, n’étaient liés ni par les coutumes locales ni par des liens sociaux avec la communauté musulmane traditionnelle.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.