Ce samedi, Doha a annoncé qu’il ne poursuivrait ses efforts de médiation pour un cessez-le-feu à Gaza que si les parties en conflit démontrent un engagement sérieux dans les pourparlers. La presse internationale suggère que la récente élection de Donald Trump pourrait avoir influencé cette décision du Qatar.
Le Wall Street Journal considère cette suspension comme un « signal négatif pour les tentatives de l’administration Biden de négocier un cessez-le-feu à Gaza ».
Le 9 novembre, le Qatar a déclaré avoir mis en pause son rôle de médiateur entre Israël et le Hamas, en quête d’un accord de trêve dans la région palestinienne, qui inclurait également la libération d’otages. En collaboration avec les États-Unis et l’Égypte, Doha a tenté sans succès ces derniers mois de mettre un terme au conflit déclenché le 7 octobre 2023 par une attaque mortelle du Hamas contre Israël.
« Le Qatar reprendra ses efforts de médiation lorsque les parties impliquées démontreront une véritable volonté et sérieux », a spécifié Majed Al Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, face aux accusations mutuelles de sabotage des négociations par le Hamas et Israël.
Selon Ha’Aretz, un diplomate a confié que « les exigences des parties étaient non seulement irréconciliables avec l’accord, mais aussi motivées par des intérêts politiques plutôt que de défense réelle. »
« La réélection de Trump inquiète le Qatar »
« L’arrêt du Qatar dans son rôle de médiateur rend l’issue de la guerre et l’avenir de Gaza encore plus incertains, alors que la région spécule sur les conséquences d’un second mandat de Trump, » commente le Washington Post.
Le Jerusalem Post rapporte que « des sources à Jérusalem suggèrent que la réélection de Donald Trump a pu effrayer le Qatar, lequel redoute d’être tenu responsable de l’échec des négociations si elles venaient à se poursuivre sous sa présidence. » Le journal rappelle que Trump avait tenté d’isoler le Qatar de ses voisins arabes en 2017, l’accusant de soutenir le terrorisme.
Plusieurs médias, dont le Wall Street Journal, ont également mentionné qu’une source diplomatique avait révélé que le Qatar avait demandé aux leaders du Hamas de quitter le pays, où ils possèdent un bureau.
Cette information a cependant été démentie par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, qui a affirmé : « Le principal objectif du bureau qatari est de servir de canal de communication entre les parties, et ce canal a aidé à obtenir un cessez-le-feu » précédemment, comme en novembre 2023.
La BBC souligne par ailleurs « un changement notable dans les relations entre Doha et le Hamas ». Le site rappelle qu’après l’assassinat de Yahya Sinwar, chef du Hamas, l’organisation palestinienne avait organisé une veillée funèbre modeste à Doha, en contraste avec le deuil officiel de trois jours pour Ismail Haniyeh, sous haute sécurité qatarienne.
Alors que le Qatar a mis en pause sa médiation, le conflit continue sans relâche à Gaza et au Liban.
Dans la nuit de samedi, « l’armée israélienne a mené des frappes sur des centres de commandement et autres infrastructures au sud de Beyrouth, » rapporte Al-Jazeera. D’après les autorités libanaises, les frappes israéliennes des dernières 24 heures ont fait au moins 40 victimes, dont plusieurs enfants.
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Juliette Martin est journaliste spécialisée en politique internationale, avec une passion pour les relations diplomatiques et les questions géopolitiques.