Joe Biden a qualifié le départ de Bachar El-Assad, qui s’est réfugié à Moscou selon NBC, de “un acte essentiel de justice”. Lors d’une allocution dimanche à la Maison Blanche, le président des États-Unis a décrit cette situation comme une “chance historique” pour les Syriens, tout en soulignant qu’elle représente également “un moment de danger et d’incertitude” suite à la prise de contrôle de Damas et du pays par les rebelles de Hayat Tahrir al-Cham.

Moyen-Orient. En Syrie, les insurgés proclament la chute du régime d’Assad

Biden a proposé “un plan pour l’appui américain en Syrie”, rapporte CNN. La priorité étant de soutenir la transition et de prévenir le retour de l’État islamique. L’armée américaine a effectué dimanche de nombreux bombardements aériens visant plus de soixante-quinze objectifs du groupe terroriste. Cependant, cette annonce intervient alors que le président élu, Donald Trump, préconise une politique de non-intervention dans le conflit syrien.

Trump a exprimé dimanche matin sur Truth Social, en lettres capitales : “ce n’est pas notre guerre. Laissez faire. Ne vous impliquez pas”. Pendant ce temps, Politico suggère quelques stratégies aux nations arabes pour “persuader un Trump réticent à s’engager dans une Syrie libérée”. Selon eux, demander à Trump de prendre les devants pourrait l’irriter plutôt que de le convaincre. Ils recommandent une approche basée sur les bénéfices économiques que pourraient tirer les entreprises américaines de la reconstruction du pays.

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Syrie. Pourquoi personne ne souhaite la chute de Bachar El-Assad ?

Les principaux journaux américains expriment un sentiment mitigé, partagé par Joe Biden, entre satisfaction pour le départ d’Assad et inquiétudes pour l’avenir. “Assad était un dictateur impitoyable. Les nouveaux dirigeants de la Syrie seront-ils meilleurs ?”, s’interroge le Los Angeles Times. Le journal anticipe “un mélange instable et potentiellement violent de factions rivales, une lutte acharnée pour le pouvoir et des règlements de comptes” dans un avenir proche. Il mentionne aussi les préoccupations des officiels américains concernant le sort des armes chimiques laissées par le président syrien.

Session d’urgence à l’ONU

Dans une opinion, le Washington Post explique “pourquoi les États-Unis doivent aider à construire une nouvelle Syrie”. Le journal encourage à regarder au-delà de l’“euphorie” actuelle, argumentant qu’il serait erroné “de penser que tout est préférable à Assad”. Mais étant donné que la reconstruction du pays nécessitera une aide internationale, le Post suggère d’utiliser cette aide comme un levier contre Hayat Tahrir Al-Cham, toujours considéré comme un groupe terroriste par les États-Unis.

Analyse. “Un château de cartes s’effondre” : les dominos continueront de tomber au Moyen-Orient

“Le Moyen-Orient a désespérément besoin d’une histoire à succès : un pays arabe démocratique, pluraliste, engagé à défendre les droits de l’homme […] Avec une diplomatie active, les États-Unis peuvent contribuer à ouvrir un nouveau chapitre plus radieux pour ce pays, qui souffre depuis longtemps et est stratégiquement situé”, espère le journal.

Le New York Times partage une vue similaire, évoquant la fin d’une “dictature brutale” et de “nouveaux risques considérables”. Le journal se concentre également sur la situation de l’Iran et la menace nucléaire. Comment la grande puissance régionale va-t-elle réagir après la perte d’un allié, ajoutée aux difficultés rencontrées par le Hezbollah et le Hamas ? Ses dirigeants, “sous pression”, pourraient-ils chercher à acquérir l’arme nucléaire comme ultime moyen de survie ? “Cette nouvelle insécurité pourrait-elle les pousser à négocier ou à chercher à obtenir l’arme ultime est l’un des nombreux mystères à résoudre”, note le Times.

À la demande de la Russie, une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU est prévue ce lundi après-midi.