Le mercredi 6 novembre, ce n’est qu’en milieu de journée que la Russie a formulé une réponse officielle à l’élection de Donald Trump comme président des États-Unis. Interrogé par la station de radio Maïak, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a d’abord rappelé que Joe Biden, le président sortant, resterait en fonction encore un mois et demi, laissant entendre que la situation pouvait encore évoluer. « Voyons ce qui se passera », a-t-il insisté à plusieurs reprises.

Concernant la promesse du candidat républicain de mettre fin à la guerre en Ukraine « en 24 heures » après son investiture, Dmitri Peskov a reconnu que c’était une affirmation « relativement significative », vu que les États-Unis jouent un rôle majeur dans l’escalade de ce conflit. « Cependant, une fois au Bureau ovale, les promesses peuvent changer de ton », a-t-il averti.

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Les journalistes ont également interrogé sur la possibilité que Vladimir Poutine félicite le futur président américain. « N’oublions pas que nous parlons d’un pays qui s’oppose à nous, directement et indirectement », a répondu le porte-parole, soulignant que l’aspect le plus important de la journée du 6 novembre pour la présidence russe n’était pas le résultat des élections américaines, mais le lancement d’un nouveau brise-glace à propulsion nucléaire en présence de Vladimir Poutine.

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Politique “antirusse” inchangée

Entre-temps, selon le collectif de journalistes indépendants Agenstvo sur Telegram, plusieurs responsables russes se sont réjouis de l’élection de Donald Trump, bien que Vladimir Poutine ait déclaré – de manière quelque peu ambiguë – une préférence pour la candidate démocrate. Parmi eux se trouvent l’ancien président Dmitri Medvedev, des députés de la Douma, et même la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Sur son compte Telegram, Zakharova a lancé plusieurs critiques, y compris à l’encontre d’Emmanuel Macron, l’un des premiers dirigeants à féliciter le nouveau président élu. « Triomphent ceux qui cultivent l’amour de leur pays, non la haine des autres », a-t-elle écrit tôt le matin du 6 novembre. Cependant, dans la déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères publiée dans l’après-midi par l’agence Interfax, le ton était nettement plus réservé : « La Russie ne se fait aucune illusion sur le président élu américain, bien connu chez nous, ni sur la nouvelle composition du Congrès », lit-on dans le communiqué. « L’élite politique américaine, quel que soit son parti, reste dédiée à sa politique antirusse et à sa stratégie de ‘contenir’ Moscou », conclut le texte.

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Après quelques heures d’incertitude, cette position a également été adoptée par la presse populaire moscovite. Plusieurs analystes mettent désormais en avant les risques que Donald Trump pourrait représenter pour la Russie, malgré la sympathie apparente qu’il éprouve pour les Russes et pour Vladimir Poutine. « Comme il ne pourra pas arrêter la guerre en vingt-quatre heures comme promis, il commencera à exercer des pressions et à nous menacer », prédit le politologue Andreï Klintsevitch, interrogé par le tabloïd Moskovski Komsomolets, proche du Kremlin. Toutefois, le journal se console en notant que le retour de Trump à la Maison-Blanche est toujours « le scénario le plus défavorable pour le régime de Kiev ».